Culasse

Elle mangeait une orange sanguine

En cherchant les crânes

Qu'elle avait mal rangés. 


Quel bazar, ce frigidaire !


Il y avait en chaque culasse

Une poudre sombre qui

Évoquait l'automne. 


On verrait plus tard pour étudier.


Sans qu'elle sût pourquoi

Elle vomit en ouvrant les bras.

— D'autres dansaient le tango. 



Chez moi

Nu, perclus et fébrile, je suis le

Refusé parmi les culs,

Entouré de bouches très louches

Qui toutes mangent en moi

Quand je surnage à peine 

Dans un océan rouge et sans gluten.


Mon chien me suit difficilement

Bien que je sois complètement immobile

Et invisible, entre deux vagues,

Entre deux soleils ensalivés. 


Chez moi il y a des tableaux

Que personne ne voit ;

Il y a même un piano et des radiateurs. 


Ce soir je mangerai des châtaignes

Et vous ne saurez rien de plus.


C'est Noël, paraît-il !

Avec ses maracas


Par le faubourg, 

Après le bal,

Par le faubourg, 

Sur un banc, en Arles, 

On voit une cérémonie

Dans le bronzage d'Annie,

Par le faubourg, 

Quand l'air est lourd 

Et qu'elle parle 

Bas, captive sentimentale

De son vieux troubadour.


C'est déjà l'hôpital 

Et c'est encore le faubourg

Quand Annie trépasse

Sous le regard vitreux

De son vieux troubadour

Avec ses maracas,

Élégiaque amoureux

À peine vertical. 

Pneu

Elle ne peut me donner que très peu

Mais ce peu-là n'a pas de prix.

C'est comme un vieux pneu

Crevé duquel on s'est épris.

Un peu de benjoin

Les modulateurs de la sérotonine 

Ne me font plus rêver.


Je n'aime pas trop les formes galéniques,

Surtout quand je creuse sans rien trouver

Et qu'elles m'en veulent d'être anachronique.


Les seins de Delphine

Sont la seule chose dont j'aurais besoin 

— Ses seins et un peu de benjoin. 

À Pont-à-Mousson

J'aime pas l'avion. 
J'ai quelques soupçons, 
Quant à la mousson. 
J'aime pas l'avion —
Je préfère le saucisson.

Les avions tombent parfois,
Même sans aucun soupçon.
Ils nous donnent des frissons
Surtout quand, pourtant courtois,
Ils passent le mur du son.

J'aime pas l'avion.

Mieux vaut un bon saucisson
Qu'on déguste à l'unisson
(À Pont-à-Mousson)
Avec un très vieux Gaulois
Grimaçant et en surpoids.

L'Heure

Filles rouges, filles vertes,

Blasphèmes sanglés au torse,

Je ne regarde qu'entre vos cuisses

Pour connaitre l'heure de ma mort.

Camille

Camille, 
ma peccadille, 
des Antilles,
ma brindille 
en espadrilles, 
viens que je te déshabille. 

Mais déjà je vacille, 
et ton triangle vanille 
m'affole les papilles. 
À ta cheville 
je me retiens, ma fille, 
et, entrevoyant la pastille 
sous la guenille, 
je mordille 
ces cuisses que tu entortilles 
autour de ma tête. Tu frétilles 
du croupion, et ta jonquille 
tranquillement s'écarquille 
tandis que déjà ma torpille 
rencontre la myrtille 
qui brûle et scintille,
et s'éparpille
au fond de la coquille.

Riz complet

J'aime bien le riz complet aux carottes

En écoutant de Rameau la gavotte

Pendant qu'Elsa enfile sa culotte

À la messe

Quand Monique va à la messe

– C'est une large forteresse

Sans la moindre délicatesse –,

Les hommes regardent ses fesses.


Au fondement de la gonzesse,

De larges poignées de caresses

Semblent attendre la maîtresse

De cette tellurique graisse.


Les hommes regardent les fesses,

Ils n'aiment pas la sécheresse

De la bienheureuse duchesse

Qui se trémousse en son Uzès

Sans avoir la scélératesse

De la jeunesse, ou sa mollesse.

En Aronde

 J'aime bien les femmes du monde

Quand je les prends dans mon Aronde.

Mais quand elles sont un peu rondes

Et que l'auto penche, je gronde 

— Surtout si elles sont très blondes.

À Bratrislava

Brad s'y lava souvent, à Bratrislava,
Surtout qu'il y bectait de gros baklavas
Et aussi quelques pizzas.

C'est là-bas qu'il avait connu Éva
Qui n'aimait que les festins de diva. 

« Hé meuf ! », qu'il avait fait, dans le sauna.
Voyant Éva sans tout son tralala,
Il en était resté assez baba !

Elle avait des seins comm' le Botswana,
Qui rougeoyaient tels deux gros ananas
À qui on ferait danser la rumba.

Quand, très lasse et très peu lavée, Éva
Avala son éclair au chocolat,
Brad y vit comm' le signal des ébats
Et bondit comme un fou sur ses appas.

À plat, Brad s'y lava comme à Java,
En route pour là-bas, à rebours d'Éva,
Toute en secousses et en vieux éclats.

À Bratislava, m'avait dit Éva,
On y trouve même du vieux halva,
Et surtout du très bon gorgonzola.




Chasselas


Busoni, qui aimait le chasselas,

Quand il le pouvait ne s'en privait pas ;

Il en avait parfois au bout des doigts

Quand il composait dans la pergola. 

À genoux

À genoux derrière elle,

— Inspirée de dentelle,

Éberluée chapelle —

Il entre en sa rondelle

Comme en la citadelle,

Pointant droit sa chandelle

Comme un Guillaume Tell,

Devenu colonel,

Entrerait au bordel

Muni de son scalpel.



Pastèque philosophique (chanson)

Elle met du beurre sur sa brioche,

Elle met ses couilles sur sa bouche,

Et les larmes, roulant très à gauche,

Fendent la chair et la vie sucrée,

Comme une anti-philosophie blême

À laquelle on songe par ennui.


Découpant la pastèque,

Elle y trouve un Aztèque,

Bien safrané du steak

Qu'elle interroge a sec.


« Dis-moi, Aztèque vicieux et pensif,

Pour quelle raison fixes-tu mon nez ? »

Le métèque ne semble pas troublé ;

Il lui rétorque d'un ton décisif :

« Tout ce beurre sur sa brioche,

Il y a comme un truc qui cloche.

Ton nez et tes loches sont louches.

On voit bien que tu les touches

Quand vient au matin sous la douche

Le bolchévique à l'air farouche

Dont le caleçon s'effiloche. »

Sans titre

Ses seins étaient aériens comme le métro,

Et son cul, vide comme le Monténégro,

Nous semblait aussi faraud que Fidel Castro.