Au coin de la rue Denner

Elle était toujours là

La petite brune

Qui aimait les paras

Elle avait des tics

Et mal à la tête

Souvent presque toujours

Cétamol était sympa

On pouvait la cogner

Sans qu'elle s'énerve

Au coin de la rue Denner

Où la petite brune se tenait

Avec ses tics et son mal de tête

Sous la pluie elle aimait

Les paras et les coups

La voix aiguë et pieds nus

Souvent presque toujours

Elle était là au coin

De la rue Denner

Cétamol était sympa

Et pas chère avec les paras

La petite âme particulière

Brune sans qualités

Née de l'âme première avec

Ses tics et son mal de tête

Naissance des fesses

Ça l'a travaillé toute la matinée

Il prenait son cacao à Macao

Cette histoire de raie

Quand elle a traversé le ciel

Qui a coupé le ciel en deux

La grande raie brillante

Enfin assis enfin l'équilibre

La lumière et l'ombre enfin

L'unité et le nombre enfin

Le fondement et la séparation enfin

Le moelleux et le désir enfin

La femme et l'homme

Dans la vallée et sur les monts

La cuisine au beurre

La chaleur du foyer

Et entre ses bonnes joues rebondies

La plaie joyeuse de la bouche

Enfin

Le Sourire des tropiques

Jean-Guy et Nicole noyés de larmes,

Rentrés en leur joli chalet de chocolat,

De retour des Maldives,

Où de gentils animateurs facétieux

Les ont traités de porcs et de chiens,

Tout ça avec le sourire,

Doivent reprendre le boulot, lundi matin,

Sous la pluie et les crachats de l'Autre.

Ce sont des héros, nos héros modernes ;

Ils recommenceront, car ils sont comme ça,

Rien ne les détourne du Bien,

Rien ne parvient à leur ouvrir les yeux,

Car ils n'ont pas d'yeux, pas d'oreilles,

Mais ils ont un cœur, immense, doux

Comme un fromage blanc battu.

(Et quand l'aube glacée viendra,

Nous regarderons ailleurs.)

L'Autre valait bien une messe !

Reste

Les Roses d'Ispahan et les cigares du Docteur Muller

Les Vèpres de l'Italien et les caprices de la divine

Les seins de la Joconde et les mains de Raphaële

Les glycines de Rumilly et les couloirs de l'hôpital

La raie au beurre noir et les croissants tièdes

Les plages de Grèce et les gares du Midi

Les draps froissés et les pieds sales

Mais surtout l'odeur de ton ventre quand je m'approche de toi.

Situation 1

1.110.21 Qu'est-ce que tu perds ton temps à lire ?

1.117.22 Pourquoi porte-t-elle une minerve ?

1.118.22 Je suis très ironique, vous vous en rendez compte ?

Les branches des arbres, les culottes des filles, les moustaches des chats.

Et Gesualdo dans la pièce à côté…

Chaussettes

En rémoulade, les yeux très écartés,

Elle ne pouvait que s'allonger,

Quand Max lui lisait Leconte.

Ses yeux saignaient, les loups hurlaient,

Et la mer se retirait. Elle gardait ses chaussettes.

Le Cierge et le Pinceau (hymne de banquet)

Machepipe avec Carnegie,

Deux octobasses marinées,

Trempées de désaccords béants

Et de pustulents glissandos,

Dispersaient le cœur sur la touche

Et l'antonomase au talon.

(À la clef, trombones farcis

Et cymbalum aux petits pois.)

Mais alors, Johnson et son luth,

Ruth et son pot de crème fraîche,

Et la louve dans son alto,

Comme des triolets tout juste

Échappés de l'Académie,

Et lardés de tous les piercings

Entreposés au fond du Rhin,

Entonnèrent l'hymne du Cierge

Et du Pinceau, malgré le froid

Qui ramollissait les outils.

Le constat n'était pas fameux

Et donnait envie d'une vive

Coda qui cèlerait la chose

Au creux d'un bénitier jaunâtre

Flottant très mal au fond d'un puits.

Entendant ce désastre cuit,

Mélandor Clarismont ne put

Qu'assommer Androse Vertèbre,

Sur le point de fuguer en rut,

Comme le petit saligaud

Qu'il avait toujours rêvé d'être.

« Cette symphonie est à vous

Désespérer du contrepoint ! »

Martela Charles, hirsute et blême,

Et qui fondait comme bougie

Entre les cuisses de Faconde,

Trop fière pour apercevoir

Le chœur qui allait l'engloutir.

Gilberte, pensive, leva

Sa baguette, comme le gibet

Résumé d'une catastrophe

Ancienne et démesurée,

Et, avant même de lancer

La gigue, mourut d'un point d'orgue

Au cœur de la ronde infinie.


On passa très vite au dessert.

Chanson

Le long de la rue noire

Accalmie sur le con

Je tourne en rond

Sur la raie de ta passoire

Oyohoho ! Oyohoho !

(Hommage à Charles Trenet)

Tout

Albert Duspasme a commencé son livre,

Son grand livre de la bite.

Tout sur la bite,

Par Albert Duspasme.

La préface est de Faconde Norwest.

Il y a même un index.

Coupable

Et dans ce couloir, des portes,

Et dans ces portes, des yeux,

Et dans ces yeux, des larmes.

« Marche droit, camarade ! »

Il aurait bien voulu rire,

Éclater de rire, ou chier sur place,

Mais il continuait d'avancer.

Il suivait la ligne tracée au sol,

Essayait de faire venir à lui

Le visage de sa mère,

Les seins de sa femme,

Les cheveux de sa fille…

Après Guerlain

Kagi ouvre la porte, et un œil.

Il voit le poème, encore chaud,

Et tout palpiptant,

Comme un chancre purulent

Sur une écharpe Lancôme.

Se tait. Et referme la porte,

En un silence parfait.