Le Pianiste mystérieux

Cette nuit Papa jouait la Sonate de Franck,

En bas.

— Mais qui était le pianiste ?

Pas moi en tout cas, puisque j'étais en haut

Avec Maman,

Assis sur un banc.

(Je lui jouais du Mendelssohn au violoncelle.)

Fugue indéfinie

Kagi et Kagi constituent

Le Sujet et le Contresujet

D'une économie fugale.

À ce régime-là, on conçoit

Qu'ils n'engrossent pas, ni ne procréent,

Bien qu'ils soient de signes inverses.

Le Rétrograde est leur maison commune,

La Réaction leur combustible.

Dans la boucle étrange qui les désunit

On peut suivre la ronde explosive,

Coiffée de son point d'orgue,

Qui n'avance ni ne recule.

Ronde !

Tant qu'on a l'asanté…

Oui, Monsieur, l'asanté,

C'est toute l'histoire du monde

Et c'est pour cela qu'elle est ronde.

Lancez une paire de dés

Et ce que je dis vous verrez !

En sortant du concert

L'affection est aussi un fardeau qui oppresse,

Comme une liturgie pleine de graisses.

Excellent ! Excellent ! disait l'Imberbe,

Faisons jouer les timbales du Verbe !

Inspiration

Salope, connasse, pouffiasse,

Merdeuse, caissière, chaisière,

Imbécile, tarée, …

Même pas foutu de trouver onze insultes,

Le pauvre Kagi.


(Reprenons un verre.)

Conseil aux modernes

Premièrement : faire l'amour.

Deuxièmement : bâfrer.

Troisièmement : se saouler.

Quatrièmement : réparer les autorisations.

Lux, calme

Kagi se lève en pleine nuit.

Il n'éclaire pas, il connaît le chemin.

Et là, dans les toilettes silencieuses,

Il voit un homme qui clignote du cœur.

(Il entend le récitatif de la sonate de Franck,

Les arpèges du piano, qui montent,

Qui montent…)