Rosita

Rosita m'emmène tout en bas

Par-delà mon célibat

Elle est tout en bas, Rosita

Quand elle vient en bas tout en bas

Rosita et ses jolis bas de soie

Jamais elle ne me déçoit

Rosita tout en bas j'en suis baba

Poésie automatique

Évoquant go back for just one minute to le reste très zen it all began in India. Gouffran India China India verdict mais méditation à forli. Jean terrible dit pas tout bâti traditionnel tomates cerises : youga aux finitions mondiales notre règle, notre être Indian people ou sans type hyper réaliste. Sans piper mot ce pipeline au but yoga finition des zones définies ci de Gucci bat tous mes ordres. Lundi tout m'attire. Le zoo pour dix dalmates brode autour d'eux tout coût de 6 to China times au nombre. On finit non l'instant d'aucun. J'appelle d'organes péladeau line pro tour, pour tout dépend du mineur de soheil et ce tout au venetian Japan. Janne ahonen d'air India tout matt York times un cousin fini.

Durs d'oreille

— Comment se comporter face à la surdité, Johnson Johnson ? Faut-il parler plus fort ?


— Surtout pas, Faconde. Parle pour toi-même, et tu seras entendue. Ou pas…

Je la suis

Je la suis

Dans la rue très noire

Quand elle change d'avis

Comme de trottoir.


Elle me prend pour une poire

C'est certain !


Mais j'irai jusqu'en Moldavie,

Tel un passager clandestin,

Et son ombre en peignoir

Je suivrai jusqu'aux urinoirs

Du Maine-et-Loire.


Son invisible galantin

Je serai jusqu'au dernier soir,

Bien caché derrière son miroir.

La Pine m'inquiète

Alors que je suis à bicyclette

Avec ma grasouillette,

Faconde, pompète

Et toute en couettes,

Parfumée et simplette,

Apparaît en salopette,

Comme une historiette

Qu'on émiette

Et qu'on feuillette

Au vol, à l'aveuglette.


 « La Pine m'inquiète ! »

Lance-t-elle, très concrète, 

Tandis que je m'apprête

À tirer de sous ma casquette 

Une liturgie bien abstraite,

Au sommet de ma grimpette.


« Tais-toi, fillette,

Et referme ma braguette !

Tu n'es analphabète

Qu'au temps des galipettes, 

Et la Chine, ma pauvrette,

Se passe  sans façon de nos pirouettes. »


La belle Isabelle

Du haut de sa tour de Babel

À Neuchâtel

La belle Isabelle

Mime la Bagatelle

Depuis sa sainte chapelle


Trois hirondelles

Passent sans séquelles

Sous les jarretelles

De la belle Isabelle

Qui remet sa bretelle

De fine dentelle

Avant de boire un cocktail

Très pastel

À la santé de Guillaume Tell

Une âme en peine

Une âme en peine

Des dents en ébène

Chante une rengaine

Pas très chrétienne

Dont la cantilène 

Est bien vilaine

Mais très vite entraîne 

Quelle aubaine !

Une incertaine

Et mondaine Américaine

(Ou Cubaine)

Jusqu'à Athènes

Poèmes sans gluten

Les poèmes sans gluten

Mais à la sixte napolitaine

Se traînent par dizaines

De l'Aquitaine lointaine

Jusqu'à la Samaritaine

Où l'on trouve des mitaines

Et de beaux capitaines

En quarantaine

Mémère

 On trouvait que ça lui allait bien, à Mémère,

D'être vissée à son siège de pédégère,

Pendant qu'on allait tirer des bords sur la mer

En compagnie des plus jolies de ses commères.


Ce n'est pas qu'elle faisait la fière,

Notre belle et blonde caissière,

Mais elle n'était plus si légère,

Alors qu'elle pissait du thé vert.


Pourtant, à demi-nue, singeant les bayadères,

À cheval sur le trône, comme un vieux fait divers,

Les yeux exorbités, la mamelle sévère,

Elle additionnait les poissons et les rosaires.

Renaissance

Deux vieilles putains vivaient à Pantin.

Leurs draps de satin sentaient le rotin

Et leurs popotins métropolitains,

Si peu enfantins, n'étaient le festin

D'aucun sacristain.


Quand le vieux Martin, cruel libertin

Un peu clandestin dit son baratin

Aux vieilles catins, son gros serpentin

Se redressa comme au premier matin.

L'amour et les contre-mesures

« Elle prenait mon poul

En écoutant Mompou

Tandis que je l'enculais

En arrivant à L.A. »


— Kagi, on ne peut pas écrire ça !

— Et pourquoi non ?

— C'est vulgaire ! 

— J'aime la vulgarité.

— Et ce n'est pas de la poésie !

— Tant mieux !

— C'est donc de la non poésie vulgaire ?

— Tout ce que j'aime.

Leçon de cinéma

La fossette est furtive

Et la glande éruptive ;

Ce trou est plein

Comme un moulin.


Pourquoi moissonnons-nous ?

Parce qu'une servante flétrie montra son pubis à une déesse. 


Ce n'est plus à Cannes 

Qu'est ma sarbacane

Quand Sharon écarte les cuisses

Et que nous sommes tous complices.

Surgir

Si tu veux que le temps ne passe pas

Mais surgisse

Accroche la virgule à un cheveu

Et laisse-la décider

De ton souffle

Bleu

Ciel bleu et langue de chiffre

Morsure de l'âme crépitante

Qui revient dans la neige et

Le froid qui sauvent


La vie passe à travers la mort

Silencieuse et multiple

Dans le feu du temps


Personne ne meurt jamais

C'est le drame


Sous la moustache

Vénus est une salope

Vénus est une salope !

(Nous ne sommes pas si myope…)

Je suis bientôt au terminus

Et ça rime avec anus. 

Je me suis pris tous les malus

Sans un seul infarctus.

Inutile que je développe :

J'ai fait un flop !

La désastre en cinémascope

Et sans même une vieille Pénélope 

Qui nous attendrait en position de lotus

En ayant préparé son petit laïus.

Ça sent l'eucalyptus,

Dans l'omnibus. 

Il est temps de déchirer tous les papyrus

Et de partir pour Sirius.

C'en est fini du rébus,

Et même pas un petit cunnilingus… 

Vénus est une salope 

Qu'on mettra dans une canope.

La neige

La neige a tout recouvert —

Même ses seins

Et ma mémoire


Je voudrais parler

Avant que tout soit blanc et paisible

Mais il est minuit moins le quart

Et j'ai très sommeil


Demain je ferai du pain

Fuck !


Monsieur le duc,

Est complètement caduc.

Sous le viaduc

Ce trouduc

A vidé tous ses sucs

En Jean-Luc 

Qui le reluque

Des pieds à la nuque

Comme un vieux truc

Sans perruque. 


Entre deux virgules, Ursule

Quand elle bascule

Sans aucun scrupule

Entre deux virgules, 

Entre le Consul

Qui, ôtant son pull

Comme un somnambule,

L'enlace et l'encule

Sans le ridicule

Du vieux noctambule,

Qui passe et bouscule

La jolie Ursule,

Celle-ci spécule

Sur son ventricule

Et récapitule

Depuis la virgule.



À Thônes

Pourquoi pensé-je à Yvon ?

Yvon le grand saucisson

Faisant la popote à Thônes,

Entre deux coups de trombone.


À moins que ce soit, Piplette,

Plutôt deux coups de trompette.

Mais le fait est là, l'X-tet

N'en faisait pas sa vedette.


Les maîtres sont pénibles.

Il faut être infaillible

Ou alors invisible ;

C'est très souvent risible

Et incompréhensible.

Nichons

Eh, maigrichon

Tout pâlichon !

Viens voir Fanchon

Et ses bourgeons !


Nous, les nichons,

Quand nous trichons,

C'est dans l'torchon,

Mon vieux cochon !


Nous nous lâchons,

Nous nous touchons,

Nous barbotons

Dans le manchon.


Parfois nous penchons

Vers le cochon,

Nous trébuchons

Ou nous cachons,

De toi, vieux cornichon,

Sans baluchon !


Du Péloponnèse aux hémorroïdes

L'intrépide Thucydide était peut-être comorbide,

Mais il n'était pas sassanide ;

C'est raconté par Euripide et par Ovide.

Et ce que je vous dis là, c'est du solide !

Ce ne sont pas des histoires de tabloïds !

OK, ça ne coïncide

Pas tout fait, mais ne soyez donc pas psychorigides !

L'essentiel est bien dans la rime torride

Et complètement vide 

Que j'impose à ce poème intrépide

D'une manière qu'on peut trouver turbide.

Ça vaut tout de même mieux que des hémorroïdes 

Ou que ma vie livide 

De super Candide !



On n'écrit pas

Montrer 

qu'on n'écrit pas, 

le prouver, 

disposer sur la page 

des mots 

qui ne se touchent pas, 

qui s'évitent, 

qui se repoussent, 

même, 

renoncer à la promiscuité 

du sens, 

le tenir en respect, celui-là, 

lui montrer la porte,

ne rien lui accorder, 

à ce goinfre 

qui a toujours raison, 

même quand il ne sait pas

qu'il est à l'extérieur,

ou dans le mauvais sens.


On est toujours cocu, avec lui.


Si l'on voulait écrire,

vraiment écrire,

il faudrait se cacher mieux, 

prendre ses distances, 

mettre encore plus 

de vide 

entre les mots

entre les phrases

— entre les lettres, même —,

ne pas hésiter à

ne rien dire, ou,

encore plus difficile,

à dire 

RIEN.

Journal de canicule

Ampoule sous le pied gauche :

Stigmate de ma débauche. 


J'ai publié "À Paris" :

Je sens que ça contrarie.


Je la vois qui tarentule,

La cruelle molécule !

Chans-On

Rentrons dans la maison

J'ai de très longs frissons.


Montre-moi tes nichons,

J'suis un peu pâlichon. 


Rentrons dans la maison

J'ai de très gros frissons.


Mais lâch'moi l'capuchon

Si tu m'suces le tison.


Rentrons dans la maison

J'ai de très longs frissons.


Tire-moi le barbichon

Mets-toi au diapason


Rentrons dans la maison

J'ai de très gros frissons.


Et donne-moi ton con

Que j'entre en pâmoison

À Saint-Malo

Oh, ton piano, quel idiot !


Va plutôt à Saint-Malo

Jouer aux pieds de Rimbaud

Qui par-delà le caveau

Nous lance ses javelots.


Et quel largo démago !


Insolvable matelot,

Qui, après le lumbago

Et la bouche en lavabo,

Grimpe sur son escabeau

Pour y danser un mambo. 

La java du plombier-zingueur (chanson)

Il la culbuta

À Étretat 

Ou bien à Calcutta,

On ne sait pas

Ce que dit la java.


Marie l'envers, c'est les eaux, 

Trop tôt c'est l'apôtre.


Frottons des très-nôtres,

Fille alarmée haute !


« Ce n'est pas trop tôt

Qu'on est dans l'tacot

À chier des cristaux

Devant plus costaud. »

Marie, l'est vibrato

Plus que contralto

Mais aussi rustaude

Et même courtaude.


« C'que c'est qu'un sexto

Poilé de facto…»

(On ne sait pas

Ce que dit la java

Mais le mot très passe.)


En vrai, l'aristo

Est très staccato,

Quand sous le manteau

Il dresse un poteau

Plutôt en travaux.


Quand Marie le fait marrer

Sa larme à marée basse 

Regrette la jolie replète,

Et tout à l'aveuglette !


Il la culbuta

À Calcutta 

Ou peut-être à Étretat.

Il faudra bien que ça se tasse…


Elle aimait l'omelette 

Plus que les branlettes,

Marie la rondelette

Pas toujours dans son assiette.


Il faudrait que ça se tasse ;

En revenant sous la falaise

Ils en ont bu la tasse alors

Qu'on était à marée basse,

À deux métaphores 

De la dédicace.

Les Œufs-mayo

Vince et moi avons ouvert un

Restaurant qui s'appelle La Purge.

Au menu, un seul plat, les œufs-mayo.

Le secret ? La mayo est à l'huile de ricin. 

Ça marche du feu de dieu ! 

À trente-huit euros l'œufs-mayo

On s'en met plein les fouilles.

Mon poignet a doublé de volume

À force de faire des additions,

Mais le succès est à ce prix. 

Du coup ma poésie est un peu moins lyrique.

La Java du plombier-zingueur

Les stars chantent pour la planète.


Remettez-nous une mominette

Avant qu'on tire à la mitraillette.


Je veux entendre les clarinettes 

Terroriser les midinettes.

Le Masque

Cent-dix ou cent-vingt kilos, on ne sait,

Des seins comme des pastèques, on les sent,

Et la transpiration qui goutte 

Sur le tapis tandis qu'elle y 

Dépose glaces et gâteaux.


Femme sans âge, à Carrefour,

Tu as l'air heureuse de vivre, 

C'est bien.


Mais ce qui est mieux, c'est  

Que tu portes sagement 

Ton masque.


Qui sait ce que nous aurions su,

Sans lui ?

À Bandol (chanson)

C'est à Bandol

Que je bande.

C'est une farandole

Au goût d'amande,

Mais je dégringole

Et j'en redemande.


J'en ai ras le bol

Et je débande !

Il me faudrait deux bémols

Par-dessus la viande

Pour que ça me console

De la sale gourmande.


Mets-moi la camisole

Qu'on danse la sarabande,

Et verse tout l'alcool 

Avant que j'en redemande.

(Dans son faux-col

Il se réprimande.)


File-moi ton obole,

Ma belle Fernande,

Que je me gondole 

Comme une légende

Sur mes pauvres guiboles.

Lecture unique

Nous devrions assassiner tous nos lecteurs. Il n'est pas acceptable qu'un lecteur lise deux livres du même auteur. À chaque livre, celui-ci doit se dire que ce sera le dernier.

D'ailleurs, Shéhérazade ressemblait à Juliette Gréco. 

Voir Dubrovnik

J'aurais voulu voir Dubrovnik,

Surtout avec Monique

Qui est aussi tétanique

Qu'un chaman balkanique.


Mais c'est finalement avec Véronique

Que je n'ai pas vu Dubrovnik.


Celle-ci est bien trop pratique

Pour me prêter sa tunique,

Et je ne suis plus un beatnik,

Depuis mes implants œcuméniques.

Poudrier

En rouvrant ses yeux pleins de larmes

Il sait qu'il a rendu les armes.

Jusqu'à la fin, elle le tient

Comme un poudrier dans son sac à main.


Il vomit sa vie, 

Car ce n'est pas ainsi

Qu'il avait conçu l'amour

Et toutes les joies alentour. 

Les borgies

  Avec Lucrèce, 

J'aime participer à des borgies. 

On y déborde et on y gît.


  Toute en graisse

Et par magie,

Entre deux compresses,

C'est une liturgie

Sans rudesse.

Passage central

Que vers il y a 
sitôt que s'accentue la diction, 
les tierces et les sixtes, 
rythme dès que style, 
on met la pédale, 
le vers, je crois, avec respect, 
les deux, attention à ne pas 
noyer la main droite, 
et attendit que le géant 
qui l'identifiait à sa main tenace, 
cette main gauche trop puissante 
et plus ferme toujours de forgeron, 
mais il n'entend pas, 
toute la langue, 
ajustée à la métrique, 
il devine seulement, 
et ça va revenir, 
y recouvrant ses coupes vitales, 
le staccato s'évade, 
vient à manquer, 
les accords bien pleins, 
selon une libre disjonction 
aux mille éléments simples, 
le petit doigt solide, 
pour, lui, se rompre, 
pas trop de pédale, et, 
je l'indiquerai, voyons, 
ne pas tomber sur les basses, 
pas sans similitude 
avec la multiplicité 
des cris d'une orchestration…

Un lecteur français aux toilettes, 
ses habitudes interrompues 
à la mort de Victor Hugo, 
lit Mallarmé, ou plutôt 
essaie de le lire, 
ne peut que se déconcerter, 
car il y voit très mal. 
À la radio, Hugo, 
dans sa tâche mystérieuse, 
rabattit toute la prose, 
la troisième ballade de l'opus 118 de Brahms, 
philosophie, éloquence, histoire, au vers.
Par la fenêtre ouverte, et, 
comme il était le vers personnellement, 
les cigales assourdissantes, 
il confisqua chez qui pense, 
discourt ou narre, 
presque le droit à s'énoncer, 
un marteau-piqueur et les oiseaux. 
Arrivé au passage central de la Ballade, 
monument en ce désert, 
avec le silence loin, 
il en perd le fil, 
dans une crypte, 
n'arrive plus à en suivre les contours, 
la divinité ainsi d'une 
majestueuse idée inconsciente, 
les cigales ont pris le dessus, 
à savoir que la forme appelée vers, 
aidées par les oiseaux et le marteau-piqueur,
est simplement elle-même la littérature.

Ménardier Ferbloc

Ménardier Ferbloc a remonté son froc

Comme un œuf à la coque sur son fumier.

— Quelle voix atroce, Monseigneur Bob !

— Mais j'étais en cloque, figurez-vous, oui, de mon zob !


Le fouet

Oui, ma Jolie, je

désire te fouetter.


Ne fais donc pas l'étonnée,

car tu sais que le soir arrive vite, quand 

tu as lâché tes cheveux 

et bu de la citronnade. 

Prélude

Si vous ne connaissez pas 

ce prélude de Bach,

il vous est tout de même possible

de vous allonger au jardin,

au soleil d'avril,

et d'attendre l'heure du goûter

sans penser à mal.


Personne ne vous le reprochera.

Sur sa bouche

La Kabbale en fit 

grand usage.

Voilà ce que je peux dire 

de mieux sur sa bouche.

« Le bonheur et le verre,

ils ont tôt fait de se briser. »

Lettres

Les dimanches d'élection

Nous écrivons des lettres d'amour

Désespérées et un peu plates. 


C'est notre contribution

À la fin du monde.

Les dames

Je connais des hommes 

Qui pensent trop aux femmes.

Ils perdent vite leurs cheveux

Et ont les ongles longs. 

Mais quand ils jouent aux dames,

Ils retrouvent leur entrain

Sans avoir besoin de 

Manger des profiteroles. 

Par derrière

Il fait de la musique par derrière,

Ce n'est pas très correct !

Mais on ne lui en veut pas,

Parce que sa musique reste au jardin, 

Polie et tranquille 

Comme une demoiselle

Qui a des manières. 

Le son de la bicyclette

J'aime le son de la bicyclette

qui fend l'air, en descente,

et fouetter la femme que j'aime.


Il y a trop de musique dans le monde, 

c'est un fait. 

Ballottage

A voté,

A fauté,

A douté.


Dans le décolleté de Dorothée

Il fut ballotté,

Avant de grelotter.

Grand appétit

J'aime presque tous mes défauts, surtout ceux qui font monter la fièvre. 

On peut même me voir parfois de grand appétit devant une saucisse. 

Poésie industrielle

Les oursonnes aiment le miel,

Les connasses aiment le fiel.


Vincent a scruté le ciel

En récitant les Voyelles.


Ma poèsie est essentielle

Mais très industrielle.

Bilboquet

Mimi sous la table,

Me suce sans esprit. 

À l'envers du décor

Je me sens bien,

Malgré les courses

Restées dans le coffre de la voiture. 


Trésor, fais-moi penser 

À sortir le chien,

Et à jouer au bilboquet

— Autant que si j'étais

Président de la République. 

Habit

Tous mes pulls sont mités,
Et moi aussi.
Quant à mes chaussettes trouées,
Ce ne sont pas des phrases.

Les tigres sont beaux 
Même quand ils sont morts.

— Je n'aurai pas cette prétention. 

N'ayez pas honte de moi,
Si c'est possible.

Gazon anglais

Dans les hôpitaux, on change de chambre,

Et parfois d'étage,

Et il arrive que des odeurs de gazon anglais 

Se mélangent à celle de l'éther. 


Sentiment littéraire

Quand Zora se mettait sur moi, tête-bêche,
J'aimais bien voir son cul blanc et celluliteux 
Se promener comme un monte-charge
Le long de ma queue rougie. 

Elle n'avait peut-être pas un sentiment littéraire très développé
Mais je me sentais à son égard d'une bienveillance désespérée. 


Cul nu

J'aime ton cul nu,

et aussi ton cul cru

et même cuit.


Faut tout dire.

Culasse

Elle mangeait une orange sanguine

En cherchant les crânes

Qu'elle avait mal rangés. 


Quel bazar, ce frigidaire !


Il y avait en chaque culasse

Une poudre sombre qui

Évoquait l'automne. 


On verrait plus tard pour étudier.


Sans qu'elle sût pourquoi

Elle vomit en ouvrant les bras.

— D'autres dansaient le tango. 



Chez moi

Nu, perclus et fébrile, je suis le

Refusé parmi les culs,

Entouré de bouches très louches

Qui toutes mangent en moi

Quand je surnage à peine 

Dans un océan rouge et sans gluten.


Mon chien me suit difficilement

Bien que je sois complètement immobile

Et invisible, entre deux vagues,

Entre deux soleils ensalivés. 


Chez moi il y a des tableaux

Que personne ne voit ;

Il y a même un piano et des radiateurs. 


Ce soir je mangerai des châtaignes

Et vous ne saurez rien de plus.


C'est Noël, paraît-il !

Avec ses maracas


Par le faubourg, 

Après le bal,

Par le faubourg, 

Sur un banc, en Arles, 

On voit une cérémonie

Dans le bronzage d'Annie,

Par le faubourg, 

Quand l'air est lourd 

Et qu'elle parle 

Bas, captive sentimentale

De son vieux troubadour.


C'est déjà l'hôpital 

Et c'est encore le faubourg

Quand Annie trépasse

Sous le regard vitreux

De son vieux troubadour

Avec ses maracas,

Élégiaque amoureux

À peine vertical. 

Pneu

Elle ne peut me donner que très peu

Mais ce peu-là n'a pas de prix.

C'est comme un vieux pneu

Crevé duquel on s'est épris.

Un peu de benjoin

Les modulateurs de la sérotonine 

Ne me font plus rêver.


Je n'aime pas trop les formes galéniques,

Surtout quand je creuse sans rien trouver

Et qu'elles m'en veulent d'être anachronique.


Les seins de Delphine

Sont la seule chose dont j'aurais besoin 

— Ses seins et un peu de benjoin. 

À Pont-à-Mousson

J'aime pas l'avion. 
J'ai quelques soupçons, 
Quant à la mousson. 
J'aime pas l'avion —
Je préfère le saucisson.

Les avions tombent parfois,
Même sans aucun soupçon.
Ils nous donnent des frissons
Surtout quand, pourtant courtois,
Ils passent le mur du son.

J'aime pas l'avion.

Mieux vaut un bon saucisson
Qu'on déguste à l'unisson
(À Pont-à-Mousson)
Avec un très vieux Gaulois
Grimaçant et en surpoids.

L'Heure

Filles rouges, filles vertes,

Blasphèmes sanglés au torse,

Je ne regarde qu'entre vos cuisses

Pour connaitre l'heure de ma mort.

Camille

Camille, 
ma peccadille, 
des Antilles,
ma brindille 
en espadrilles, 
viens que je te déshabille. 

Mais déjà je vacille, 
et ton triangle vanille 
m'affole les papilles. 
À ta cheville 
je me retiens, ma fille, 
et, entrevoyant la pastille 
sous la guenille, 
je mordille 
ces cuisses que tu entortilles 
autour de ma tête. Tu frétilles 
du croupion, et ta jonquille 
tranquillement s'écarquille 
tandis que déjà ma torpille 
rencontre la myrtille 
qui brûle et scintille,
et s'éparpille
au fond de la coquille.

Riz complet

J'aime bien le riz complet aux carottes

En écoutant de Rameau la gavotte

Pendant qu'Elsa enfile sa culotte

À la messe

Quand Monique va à la messe

– C'est une large forteresse

Sans la moindre délicatesse –,

Les hommes regardent ses fesses.


Au fondement de la gonzesse,

De larges poignées de caresses

Semblent attendre la maîtresse

De cette tellurique graisse.


Les hommes regardent les fesses,

Ils n'aiment pas la sécheresse

De la bienheureuse duchesse

Qui se trémousse en son Uzès

Sans avoir la scélératesse

De la jeunesse, ou sa mollesse.

En Aronde

 J'aime bien les femmes du monde

Quand je les prends dans mon Aronde.

Mais quand elles sont un peu rondes

Et que l'auto penche, je gronde 

— Surtout si elles sont très blondes.

À Bratrislava

Brad s'y lava souvent, à Bratrislava,
Surtout qu'il y bectait de gros baklavas
Et aussi quelques pizzas.

C'est là-bas qu'il avait connu Éva
Qui n'aimait que les festins de diva. 

« Hé meuf ! », qu'il avait fait, dans le sauna.
Voyant Éva sans tout son tralala,
Il en était resté assez baba !

Elle avait des seins comm' le Botswana,
Qui rougeoyaient tels deux gros ananas
À qui on ferait danser la rumba.

Quand, très lasse et très peu lavée, Éva
Avala son éclair au chocolat,
Brad y vit comm' le signal des ébats
Et bondit comme un fou sur ses appas.

À plat, Brad s'y lava comme à Java,
En route pour là-bas, à rebours d'Éva,
Toute en secousses et en vieux éclats.

À Bratislava, m'avait dit Éva,
On y trouve même du vieux halva,
Et surtout du très bon gorgonzola.




Chasselas


Busoni, qui aimait le chasselas,

Quand il le pouvait ne s'en privait pas ;

Il en avait parfois au bout des doigts

Quand il composait dans la pergola. 

À genoux

À genoux derrière elle,

— Inspirée de dentelle,

Éberluée chapelle —

Il entre en sa rondelle

Comme en la citadelle,

Pointant droit sa chandelle

Comme un Guillaume Tell,

Devenu colonel,

Entrerait au bordel

Muni de son scalpel.



Pastèque philosophique (chanson)

Elle met du beurre sur sa brioche,

Elle met ses couilles sur sa bouche,

Et les larmes, roulant très à gauche,

Fendent la chair et la vie sucrée,

Comme une anti-philosophie blême

À laquelle on songe par ennui.


Découpant la pastèque,

Elle y trouve un Aztèque,

Bien safrané du steak

Qu'elle interroge a sec.


« Dis-moi, Aztèque vicieux et pensif,

Pour quelle raison fixes-tu mon nez ? »

Le métèque ne semble pas troublé ;

Il lui rétorque d'un ton décisif :

« Tout ce beurre sur sa brioche,

Il y a comme un truc qui cloche.

Ton nez et tes loches sont louches.

On voit bien que tu les touches

Quand vient au matin sous la douche

Le bolchévique à l'air farouche

Dont le caleçon s'effiloche. »

Sans titre

Ses seins étaient aériens comme le métro,

Et son cul, vide comme le Monténégro,

Nous semblait aussi faraud que Fidel Castro.

Toison

Coco, montre-moi ton cul !

Dit-il d'une voix aiguë.

Coco ne se fait pas prier

Et soulève son tablier.


Voyant la belle toison,

Il s'astique le tison

En rêvant de ce buisson

Qui lui donne des frissons.



Saucisson

Pourquoi pensé-je à Yvon ?

Yvon le grand saucisson

Faisant la popote à Thônes,

Entre deux coups de trombone.


Aïcha

Elle court les bois, les montagnes, et la nuit

Elle assiste les fées en leurs cérémonies

Quand du reste du monde elles sont l'insomnie,

Dévorant l'infini et le millepertuis.


Elle habite le grand secret,

Perpendiculaire au regret, 

Musclée de noir et amoureuse,

Sous le grand manteau de poudreuse.


Ses longues jambes boisées, surmontées

D'un sexe ombreux, consacré et fruité,

Sont en moi comme une tiare dressée

Au seuil de mes arrières-pensées.


O

Entre deux soupirs


Or jeté bas

Ici dans l'O

Jambes et plis

Odeurs et caresse

Oh ! Pliée

Danse du sang

Sauf pile

Et nord


— À Nancy, dévergonder la fée

J'irais volontiers.

 


Entrée

Étrange entrée qui ne dit pas son nom

Pleine de flonflons et de pinces monseigneur

Et là-dessus ses fesses ventriloques

Qui tout juste reviennent d'Amérique


Quelle pâleur dans le fond d'artichaut

Alors que l'asperge a le dédain des servantes

Et que l'abricot se drape de fables 

Immorales amorties de latin blond



À la quinte

Eugénie plie le pantalon à la quinte,

Comme je le lui avais demandé,

Mais c'est tout l'ensemble qu'il faudrait reprendre.

Sans briquets, sans passé, sans métaphores. 

Virus


Le virus minus

Quelque chose en plus

De notre phallus

Comme un stimulus

Pas même une puce

Ni même un rictus

Sur notre prépuce

Mausolée

Quand de ses lèvres tombe la rosée,

Il se sait au fond d'un grand mausolée

Dont le sol est recouvert de brioche.


Attrapant des deux mains sa lourde pioche,

Il commence à creuser son beau tombeau,

Donnant un coup de pied à l'escabeau.



Son cul en éventail

Son cul est à Dubaï,

Il n'est plus au bercail !



Son cul en éventail,

C'était pas un détail !

Menthe poivrée

J'ai rêvé des névés,

J'ai vénéré son nez,

Et tâté ses nénés.


Comme un fier énervé.

Ça m'a rasséréné.


Sous sa chemise  en V,

Ses aisselles rasées

Sentaient la randonnée

Et la menthe poivrée.


Tout cela j'ai aimé,

Ce désir cutané,

La Méditerranée

Et son rire enchanté.

La figue



J'ai des figues dans mon jardin,

Mon jardin, le vrai, au matin,

Mais le soir, si sa main me la montrait,

De sa figue je ferai mon béret.



(J'ai proposé un cinquième vers à

Celle qui en est le sujet. Elle a

Décliné, me montrant sa motte,

Déjà sortie de sa culotte.)


Le fruit est dans le vers,

Étant tout l'univers,

Et dans mon béret

J’y vois son reflet.


Mais le soir, si j'avais sa main,

La figue serait mon festin,

Un destin cambré au jardin.




EDF

Les compteurs EDF sont des

empêcheurs de parler la nuit.

Du moins, c'est ce qui se murmure,

de boulevard à chemin.

Point de vue

Que nous dirait-on,
si l'antarctique venait à
descendre les Champs-Élysées,
pour peu que les toilettes
de l'Ambassadeur soient bouchées !

Je suis bien placé pour
le savoir, que ce point de vue
n'est pas conforme au canon,
puisque c'est moi qui l'ai rédigé.

Néanmoins, je vous le dis,
n'espérez rien d'un dérapage
qui, pour probable qu'il soit,
ne serait ni contrarié
ni porté en triomphe.


Chez l'ambassadeur

À cette heure j'avais le cœur

qui fondait comme du beurre

aux heures de la grande épaisseur

et j'avalais la vapeur toute la vapeur

comme une grande fleur de pâleur

sans valeur et sans saveur

juste avant d'aller pisser chez l'ambassadeur

Colis rose

N'ayant pas encor vu la chose

Elle déballe un colis rose

Et c'est soudain l'apothéose !

Le colis

N'ayant pas encore eu sa pleine dose,

Elle a déballé son gros colis rose,

Avant de rejoindre la maison close

Où nous avions attrapé nos mycoses.

Glose

Sur la glose du matin,

Ophélie pose sa main.

— Cela mérite examen !

Fait-elle en creusant ses reins,

Et, promettant un festin,

Elle enjambe le fretin

Qu'entre ses cuisses elle vient

Surpendre en un tournemain.

Gradions et terpulences

À ce que le trubilaire endorflait, nous

Délibrions de fulvacane sur la sointe noue.

Ipastre ! Sois-tu candébrisure amorphlée,

Ou bretante zénatrice épiturlée en trove ?

Tarve lune, il naut que tu coives antée,

Et si blande que nitrusse pirle, elle dove

La brème cofé, endiamise et tersacoutée.


Ensampé, viralguant, orgimant,

L'antrême dolipranait languement sur le trapon,

Et fuite qu'on palembrerait janbimant

Le frémotis, nandage odrus ou nupon,

Silore nénocaf que nouinte l'afflée.

La veine

Belle infirmière du matin

Qui vient avec son parfum

Nous prendre par la veine

— On lui offre un peu de brioche

Endormie

Ses cheveux bruns sur mon visage

Appuyaient un peu sur mon cœur.

Endormie, elle semblait très sage,

Et je n'étais pas le vainqueur.



Cinq couteaux et un flambeau

J'ai cinq couteaux et un flambeau

Bien cachés dans mon sac à dos.

Ça peut servir au cachalot

Quand il ira se mettre à l'eau.


Pour un cimetière des moches mots

Bouquin malin à bosse

T'es pas du tout mon pote ;

Même si ça sert d'os,

T'as plus du tout la cote.


Les trois culottes

 

Les trois culottes dans le tiroir

Ont perdu leur odeur


Sans rien dire à personne


Les culottes sont des salopes

Et moi l'attente je l'emmerde


Mais où est passée cette odeur ?

Demande Faconde


Tu l'as entre les jambes

Espèce de radine !

Tempête

Tempête dans le jardin, 

tempête dans mon cœur

comme une page arrachée.

Enfui

Quelques cheveux sur une brosse et trois culottes

 C'est tout ce qu'il reste

De mon grand amour enfui. 


Bonnets D (sur l'air de "Rataplan")

Dédé le débonnaire,

Sur son fier dromadaire,

Allait, le nez en l'air,

Chercher du bonnet D

— Il avait en lui cette idée —

Sur les Champs Élysées.

Quand il vit Sandrine Bonnaire,

Qui en a une belle paire,

Il se fia à ce repère.

Mais on aurait dit à son air

Qu'il la gonflait sévère.

Alors il se la joua corsaire,

Lui mordit son gros nez

Et lui botta le pet.

Elle l'avait bien mérité,

La Bonnaire amère

Aux attributs mammaires

Gonflés et autoritaires !

If

Il monte tout en haut de l'if

— Hésitation sur l'adjectif —

Et se ramasse sur le pif

En voulant être plus actif


Taxus baccata est nocif 

Alors que Sisyphe est pensif

(C'est un hiéroglyphe exclusif 

Qui est passif dans le motif)


Il faut être persuasif

Quand on veut être affirmatif

Sans désavouer son calcif

Ni brader tous les vieux poncifs

CAF

Quand tu n'es qu'un vieux faf

Tu vas pas à la CAF

Sauf pour mettre des baffes

Et tirer dans le staff

Cigales

Ô les cigales qui s'arrêtent !

Comme ma pendule

Qui n'a plus de piles…


Mordre les racines

Les fourches de Claudine

S'enlaçaient sur ma pine…


Ô, sur cette ode fine,

Rythmer la sonatine

Et mordre les racines.

Slip français

Quand le slip français

M'entrait dans la raie,

Je te malmenais

Et me démenais,

Comme si tu sentais

Mon âme dans ta plaie.

Pétrichor

Quelques gouttes de pluie

En été et c'est l'explosion

Des odeurs au jardin.

Menthe

Ouverte par la fente

Qui droit mène à la sente

Où mon âme est en pente…

— Elle sent bon la menthe,

Et cela, qu'il pleuve ou qu'il vente !